samedi 17 mai 2014

Sept jours


Ce matin pas d'eau !
Pas de douche !

Je fais mon café avec la bouteille d'eau qui  me reste et je garde un peu d'eau pour le brossage de dents.

Je retourne à Jérusalem. Cette fois ci, je prends le bus 24 qui est derrière le mur. Il faut passer le checkpoint de Bethléem.

La dernière fois que j'y suis allé, c'était il y a deux ans.

Je n'aime pas cet endroit. Mais c'est plus rapide pour aller à Jérusalem.
Et j'ai envie de voir si tout est pareil. C'est à dire sordide, oppressant. Si ça sert toujours de galerie à des artistes occidentaux qui viennent mettre leur petite touche.

Je ne retrouve plus l'affiche d'Ernest Pignon, pas plus que les dessins de Banksy. Tout, ou presque, est recouvert. Il reste des stigmates des photos de JR.


On trouve des textes faits par des enfants, il en a des centaines, proprement accrochés sur le mur. On les aperçoit sur la photo ci-dessus. J'en ai photographié un qui parle du village où je suis allé avant hier pour la manifestation de la commémoration de la Nakba :


Et puis plus loin ça :


Un restaurant en face du mur, qui s'appelle "The Wall".

Puis de l'humour au deuxième degré :


Et même une Banksy's shop. A défaut de trouver ses dessins sur les murs, on peut acheter des cartes postales ou des affiches de Banksy. J'ai failli éclater de rire.

Les Palestiniens sont en train de s'approprier le mur.
Ils sont trop forts.

J'avais détesté il y a trois ans, lors de mon premier voyage, l'appropriation du mur par des artistes occidentaux. Je trouvais cela déplacé. Ca permettait "peut-être" un dialogue entre nous. Et encore c'est très discutable. Je voyais plutôt cela comme un faire valoir personnel. Je trouvais cela très indécent.

Pendant que les Palestiniens détestaient le mur, les occidentaux "s'exprimaient" dessus ... et se faisaient passer pour des humanistes.

Maintenant, les Palestiniens ouvrent des boutiques de souvenirs artistiques. Une Banksy's shop, pour les occidentaux. J'en ri encore !


Le mur reste le mur ...

 J'arrive au checkpoint. Le passage se fait très facilement, le premier contrôle a disparu, le tourniquet tourne librement.
J'arrive au cœur du système, je suis seul, je demande aux soldats de prendre mes appareils argentiques et mes bobines, pour éviter les rayon X. Ils le font sans discuter et jouent à se prendre en photo pendant que j'enlève ma ceinture, mes chaussures et remplis les bacs et les pose sur le tapis roulant. Ambiance très décontractée.
Après j'arrive au dernier contrôle, celui des papiers. Je lève mon passeport français, la jeune femme au M16 libère le tourniquet sans le regarder. Je suis en Israël.

Je tends 5,50 shekels au chauffeur de bus et 15 mins plus tard je suis à Jérusalem en face de la Porte de Damas.

Ce que je viens de faire, ni Murad, ni Amira, ni Marwa ni Nariman ni aucun des 5 millions de Palestiniens qui vivent en Cisjordanie ne peuvent le faire.

Par contre, un Palestinien de Jérusalem peut aller autant en Israël qu'en Palestine, Un Israélien ou un "Arabe Israélien" (c'est à dire un Palestinien qui vit en Israël en dehors de Jérusalem) ne peut pas aller en Cisjordanie ou dans la bande de Gaza. Un Gazaoui ne peut pas sortir de Gaza. Et moi je peux aller partout, sauf à Gaza.

C'est bon, vous suivez ?



 Au retour, tous les tourniquets du checkpoint étaient libres, aucun contrôle. C'est logique, les Israéliens se contrefichent que l'on aille poser des bombes en Cisjordanie.

J'arrive chez moi : toujours pas d'eau. Là ça commence à m'embêter. 

J'envoie un sms à Murad, je lui demande si il connait le propriétaire de mon logis. 30 secondes après, j'entends la chasse des toilettes qui se met en route.

J'adore l'organisation Palestinienne. 



 

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