mardi 13 mai 2014

Deux jours

Mes voisins de palier font du jardinage

Ce matin j'ai décidé d'aller à Jérusalem.
J'ai pris le bus Palestinien n° 21 qui assure la jonction entre Bethléem et Jérusalem.
Les Palestiniens et les Israéliens ne prennent pas les mêmes bus.
Arrivés au checkpoint, le bus s'arrête. Les Palestiniens de Cisjordanie en descendent pour être contrôlés, fouillés et pour montrer leurs documents en règle.
Pendant ce temps je reste à bord avec les Palestiniens de Jérusalem, les "Arabes Israéliens" (c'est le nom qui fait "propre" que les Israéliens donnent aux Palestiniens qui ont pu rester en Israël et qui ont acquis la nationalité Israélienne) et les étrangers. Nous subissons un simple contrôle d'identité effectué par une très jolie jeune femme équipée d'un M16 et d'un blason PM sur l'épaule.
En sortant du bus mon voisin (un Palestinien de Cisjordanie) avait laissé son sac à côté de moi. Je pense qu'il l'a fait pour avoir la paix durant la fouille et laisser croire à la jolie soldate que ce sac m'appartenait. Ca a fonctionné, elle ne l'a pas fouillé.
Les Palestiniens ont enfin pu remonter à bord. Nous sommes repartis vers Jérusalem.

A Damascus Gate (une des entrées du vieux Jérusalem) j'ai changé de l'argent. Direction le Saint Sépulcre. J'avais vraiment trop faim, alors avant d'atteindre mon objectif, je me suis arrêté pour manger un peu dans le souk Arabe.

Arrivé devant le "Holy Sepulchre" une foule compacte, aucun contrôle et aucune présence militaire.
Le chrétien n'inquiète pas ...


Sur cette photo on aperçoit la pierre où le Christ aurait été déposé après sa mort. C'est un lieu de recueillement (pas très calme) que les visiteurs touchent, certain y frottent des objets, en général des tissus. Mais également des téléphones. Certains semblent réellement très émus, d'autre ne cherchent qu'a être photographiés devant la pierre.
Je reste un moment ici, j'aime assez l'ambiance. Un mélange de ferveur, de prière, de recueillement et de vulgarité. Un lieu très humain ...

Je ne vais pas en rester là, direction le Mur des Lamentations.Comme je commence à connaître un peu les lieux je pars par une petite porte qui mène dans un très joli lieu, une petite place avec un dôme au centre. Un endroit plus calme. Une guide explique le lieu en Hébreu à un groupe.

Je sors d'ici, je demande la direction du "Western Wall" à un commerçant, il m'explique le parcours, me propose un café, j'accepte. 10 Shekels (plus de 2 euros). Je viens de me faire avoir, il m'a pris pour un pigeon ... En Cisjordanie, le café est entre 1 et 3 Shekels.

C'est à 400 m du Saint Sépulcre que se trouve le Mur de Lamentations, il faut passer un checkpoint pour y accéder, il y a une forte présence militaire. Tout le lieu est bouclé. On entre après avoir montré pattes blanches.
Le mur est séparé en deux accès, un pour les hommes (grand) un pour les femmes (petit).

Au premier plan l'espace pour les femmes au second plan pour les hommes

Il y a un distributeur de Kipas :


Les femmes regardent ce qui se passe chez les hommes :

J'ai l'impression qu'il s'agit d'une Bat Mitsva et que les femmes sont obligées de regarder par dessus la séparation.

Le Mur des Lamentation est un des lieux les plus sacré du judaïsme. C'est ce qu'il reste du deuxième temple de Jérusalem. On y dépose des prières écrites sur des petits papiers. On les coince dans les interstices du mur :



 Là également il y a toutes sortes de comportements. Des gens extrêmement émus et qui se mettent quasiment en transe devant le mur, pendant que d'autres se font prendre en photo. Normalement on se retire du mur en marche arrière. Une minorité de gens s'y contraint.

Il y a de l'ambiance ici, des chants, des cris, des Chophars, Choffars ou Shofars (corne juive fabriquée avec une corne de bélier). C'est un espace très animé, assez festif. Pas très propice non plus au recueillement.

Dans ma lancée je décide d'aller sur l'Esplanade des Mosquées. C'est juste à côté, elle a été construite en lieu et place du temple de Jérusalem et le mur des lamentations la soutient. Inutile de dire que sa présence est très controversée ici.

Pour y accéder on quitte le site du Mur et on s'y engage directement. Je sais que l’accès pour les non musulmans n'est pas permanent, j'ai donc de la chance, c'est un jour "d'ouverture".

A l'entrée voici ce que l'on peut lire :

Dans la queue, je suis derrière un juif (entièrement équipé, kipa, franges, borsalino ...) je suis étonné de le voir ici, arrivé a hauteur du panneau il quitte la file et renonce. Ne connaissait-il pas la règle ? Je l'ignore.

Pour accéder à l'Esplanade des Mosquées, c'est aussi compliqué que pour le mur. Il y a encore un checkpoint tenu par des soldats Israéliens.

Après le contrôle on emprunte une passerelle aérienne qui monte vers le site. On y trouve des boucliers anti-émeute :


Je sais que ça chauffe assez régulièrement ici. 
Pour les Musulmans, c'est le troisième lieu le plus sacré après la Mecque et Médine. C'est ici que Mahomet serait monté au ciel. Pour les Juifs, l'Esplanade du Temple est le premier lieu Sacré. C'est ici que le Créateur aurait fabriqué Adam (croyance partagée avec les Chrétiens).

Après les boucliers, j'arrive enfin sur l'Esplanade des Mosquées ou sur l'Esplanade du Temple, je ne sais plus trop ...


Ici par contre, malgré tout cela, l'ambiance est calme, propice au recueillement. Il y a des groupes, ici et là qui discutent. Il y a une atmosphère agréable. Même les soldats présents sur le site, ne parviennent pas à perturber la concentration ressentie ici.


Il est quinze heures, je me dit : "allez retour à Bethléem, direction place de la Nativité".

Je prends le 21 en face de Damascus Gate et j'arrive 45 minutes plus tard.

En descendant du bus, je sais que j'ai au moins 15 mins de marche en prenant par le Vieux Bethléem pour y arriver.

Je traverse un très beau marché couvert, il y a des "montagnes" de fruits et légumes.Un homme m'interpelle, me demande une cigarette. Je lui propose du tabac, il ne sait pas rouler. Je la lui roule et pose mon matériel (tabac, papier, filtres et briquet) sur une "montagne" de citrons. Pendant que je m’exécute je comprends qu'il est un peu timbré, la situation amuse les gens autour de nous et en même temps mon habileté à rouler impressionne. En quelques secondes, nous devenons l'attraction du marché. Je m'en roule une pour moi au milieu des rires et des sourires. Je quitte la place accompagné de nombreux salamalékoums. J'ai le sourire aux lèvres.

Ca y est la Basilique de la Nativité est en face de moi.

On entre par une toute petite porte d'un mètre cinquante :

Vue de l'intérieur

On accède à la grotte de la Nativité par une église Orthodoxe.

Ici, rien à voir avec le Saint Sépulcre, malgré une foule compacte, tout est plus calme.

Le lieu est sombre.

La file d'attente :


En patientant on brûle des cierges :


Là où il y a la lumière c'est la grotte :


L'attente, juste avant d'entrer :


Ne rêvez pas, vous ne verrez pas l'intérieur. Je suis athée quand même et j'ai faim alors ma patience a des limites. Je décide de rentrer à Aïda Camp. Mais avant je vais voir Adnan.

Adnan est Musulman et vend des objets religieux Chrétiens. Il a une boutique un peu plus bas. Chez lui on boit le "Thé Bédouin". Ca titre à 45°. Et franchement, boire du whisky avec un Musulman, ça n'a pas de prix.

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